Skip to main content
/themes/custom/ufc/assets/img/default-hero.jpg

Cheick Kongo : Le designer qui vise la ceinture

By Elliot Worsell
Traduit près Antoine Simon

Les frappes de certains combattants sont si intimidantes qu’ils abattent leurs adversaires avant même d’avoir lancé le moindre coup. Dans un sport où la victoire s’acquière autant sur le mental que sur le physique, beaucoup de combattants se décomposent à la simple vue de leur imposant adversaire de l’autre côté de l’Octogone.  

By Elliot Worsell
Traduit près Antoine Simon

Les frappes de certains combattants sont si intimidantes qu’ils abattent leurs adversaires avant même d’avoir lancé le moindre coup. Dans un sport où la victoire s’acquière autant sur le mental que sur le physique, beaucoup de combattants se décomposent à la simple vue de leur imposant adversaire de l’autre côté de l’Octogone.  

Le poids lourd français Cheick Kongo un colosse de 194 cm "sculpté dans le marbre", est l’un de ces hommes qui génèrent l’inquiétude dans les yeux de l’adversaire. Outre le fait qu’il soit doté d’une enclume à la place de la main droite et un ground & pound dévastateur, Kongo possède l’un des physiques les plus effrayants de toute la catégorie heavyweight de l’UFC. Plus grand que la plupart et frappant également plus fort, Kongo est le prototype même du poids lourds moderne.

Je ne joue jamais sur mon physique pour effrayer ou intimider les gens », révèle Kongo, qui possède un palmarès de 14 victoires pour 5 défaites et un nul en MMA. « Je n’utilise jamais mes muscles pour obtenir ce que je désire.

Durant ma jeunesse en France, j’étais le genre de gars qui défendait ceux qui se faisaient brutaliser. J’ai toujours été assez imposant à l’école et je n’ai jamais vraiment eu de problèmes avec les brutes. Par contre, j’ai toujours détesté voir les petits se faire brutaliser par les plus grands.

J’avais une certaine réputation et les gens savaient que si on me cherchait, on me trouvait. Je ne cherchais pas l’embrouille, j’y mettais un terme. Je n’étais là que pour me défendre et assurer la protection de ceux qui en avaient besoin.

Heureux de pouvoir utiliser son physique pour protéger, Kongo y a progressivement ajouté de la technique en découvrant les arts martiaux au début des années 90. A cette époque, l’athlétique français s’est essayé au kendo, au karaté, au muay thaï, au kick boxing et à la lutte gréco-romaine. Ce "grand garçon" a semble t-il toujours été destiné à utiliser ses dons dans le domaine du combat.

Le combat et la compétition sont des concepts que j’affectionne depuis que j’ai 4 ou 5 ans, explique Cheick. Je ne saurais pas dire pourquoi j’ai été attiré par le combat, c’est juste quelque chose que j’ai toujours aimé faire. Je me sens bien quand je combats.

 J’ai commencé avec la boxe et la lutte. Ce sont deux sports qui m’ont vraiment intéressés et ce sont les premières choses dans lesquelles j’ai voulu être bon. Au départ, je suis devenu combattant uniquement pour améliorer mes capacités. J’ai toujours su que je pouvais sortir dans la rue et rivaliser avec n’importe qui, mais je voulais vraiment devenir bon dans ce domaine. Je voulais comprendre pourquoi les gens se battaient et surtout, comment ils se battaient. Je voulais apprendre les techniques.

Kongo a rapidement excellé dans l’art du combat. Son physique impressionnant et sa puissance dévastatrice lui ont permis de remporter nombre de batailles durant ses jeunes années. Avant de découvrir le MMA en juin 2001. Kongo a brillé dans plusieurs compétitions de muay thaï et de savate. Mais c’est la diversité des techniques proposées dans les arts martiaux mixtes qui a permis au sculptural français de développer son véritable potentiel. 

J’adore cette idée de faire face à quelqu’un et combattre, ajoute le trentenaire. C’est un sport pur qui se résume à l’affrontement deux hommes. J’adore me tenir debout face à mon adversaire et combattre. Je me rappelle la première fois que j’ai vu du MMA au Japon, c’était la chose la plus incroyable à laquelle j’avais jamais assisté. Je voulais savoir à qui je devais m’adresser pour "m’engager". C’était exactement le genre de chose que je voulais faire.

Combattre est pour moi une chose innée. Je trouve ça aussi facile que naturel. Nous sommes tous nés pour combattre, mais bien peu d’entre nous en font une carrière. Tout le monde se bat pour quelque chose dans la vie, que ce soit pour la vérité, pour une femme, un boulot ou une ceinture de champion du monde. Nous sommes tous passionnés par quelque chose. Ce qui me passionne, c’est la compétition et montrer à quel point je peux devenir bon comme combattant.

Kongo s’est forgé une solide expérience du MMA en Hollande, avant de s’illustrer en Croatie et aux USA. Ce globe-trotter des rings a enregistré 5 KO lors de ses 7 premières victoires professionnelles, ce qui lui a permis de décrocher en 2006 un contrat avec l’UFC. Il a depuis combattu 10 fois dans l’Octogone, signant de notables victoires sur Mirko "Cro Cop", Antoni Hardonk, Christian Wellisch et Mostapha Al-Turk.

Considéré aujourd’hui comme l’un des poids lourds les plus populaires au monde – notamment dans son pays d’origine – Kongo provoque toujours l’excitation, aussi bien dans la victoire que dans la défaite.

Si les gens voient en moi l’ambassadeur du MMA en France, c’est super, ajoute Kongo. Tout soutien est bon à prendre, mais ça ne me changera pas pour autant. Mon boulot, c’est d’être combattant… Le meilleur combattant possible. Je ne me soucie pas de l’image que les gens ont de moi. La priorité pour moi, c’est de m’entraîner dur et de faire mon boulot. Je veux que mes fans français soient fiers de moi à chaque fois que je rentre dans l’Octogone pour combattre.

Lors de son dernier combat en Allemagne, Kongo a concédé une défaite par décision face au jeune espoir de la catégorie heavyweight, Cain Velasquez. Bien qu’ayant sonné son adversaire à plusieurs reprises, Kongo s’est fait amener et contrôler au sol pendant la majeure partie du combat. Le Parisien avait accepté le combat avec peu de préavis et sa performance s’en est fait ressentir.

Mon dernier combat a été très décevant. J’ai le sentiment d’avoir laissé tomber mes fans français, admet Cheick. J’aimerais vraiment m’excuser pour ma performance ce soir là contre Velasquez. J’ai passé beaucoup de temps en France avant la rencontre et je n’étais préparé comme j’aurais dû l’être quand j’ai accepté le combat.

Je ne dis pas ça pour dénigrer Cain, il a fait un grand combat et il a mérité sa victoire. J’adorerais avoir ma revanche contre lui. C’est un très bon combattant, mais je sais que je pourrais le battre lors d’un second combat. Je n’étais pas au meilleur de ma forme lors de notre première rencontre.

Depuis cette rencontre en juin avec Velasquez, Kongo a retravaillé quelques techniques au club et il a signé pour un combat contre l’ancien champion heavyweight de l’UFC, Frank Mir (le 12 décembre à l’UFC 107). Mais bien qu’ayant à livrer très prochainement le plus important combat de sa carrière, Kongo trouve tout de même le temps de travailler sur d’autres projets.  

Je travaillais comme vendeur quand j’étais en France et je possède, depuis plusieurs années maintenant, ma propre entreprise de prêt-à-porter, explique Kongo. C’est quelque chose qui me passionne. Nous sommes spécialisés dans les vestes en cuir et les t-shirts. Nous essayons constamment d’ajouter de nouveaux styles à notre gamme. J’ai toujours aimé l’idée d’apporter quelque chose de nouveau, quelque chose de différent. J’aime créer des vêtements qui choquent les gens.

Sûr que sa passion pour le prêt-à-porter n’empiète en rien sur son désir d’en découdre à la salle, Kongo pense même que cette passion est bénéfique à sa carrière de combattant.

Quand vous êtes combattant, vous devez vous occuper quand vous n’êtes pas en train de vous entraîner ou de combattre, explique t-il. Vous vous devez d’avoir d’autres intérêts, passions ou hobbies. En ce qui me concerne, ce sont les vêtements. N’oubliez pas que je viens de France, la capitale mondiale du prêt-à-porter.

Je ne suis pas l’un de ces gars qui va jouer à la console ou regarder la télévision une fois l’entraînement terminé. J’ai besoin de me sentir vivant, de planifier des choses et de bouger. Mon entreprise de prêt-à-porter me permet de faire toutes ces choses et elle me permet également de gagner de l’argent, ce qui est un joli bonus.

Dans un sport où l’image et le marketing comptent énormément, Kongo semble avoir trouvé le moyen de concilier ses deux passions.

J’ai toujours voulu être productif et j’utilise ma carrière à l’UFC comme rampe de lancement pour d’autres choses, admet Cheick. Je veux devenir quelqu’un, aussi bien en tant que combattant qu’en tant que personne. Combattre à l’UFC m’a ouvert bien des portes, que ce soit dans ma carrière de combattant ou dans mon business de prêt-à-porter, mais je dois également faire beaucoup par moi-même. Je suis un homme très occupé quand je ne combats pas.

J’ai autant de plaisir à trouver de nouvelles idées de vêtements que j’en ai à mettre KO quelqu’un dans l’Octogone. C’est la même émotion. J’ai l’impression d’être le roi du monde quand je fais les deux. Mes fans aiment les vêtements que je fais, mais j’aspire à bien plus. Je veux que mon business devienne international et que mes vêtements soient vendus partout dans le monde.

Bien que le cuir souple d’une nouvelle veste soit des plus agréables sur la peau, Kongo insiste sur le fait que son goût pour la création n’a en rien altéré son amour pour le combat. 

Combattre est un plaisir pour moi, explique t-il. J’adore ça et je suis devenu plutôt bon dans ce domaine après des années de dur labeur et de dévouement. C’est également quelque chose qui me rapporte de l’argent. Je compte faire ça encore plusieurs années, mais ce n’est pas la seule chose que je veuille faire dans ma vie. J’ai bien d’autres projets et ambitions. Le combat me permet de gagner ma vie honnêtement. Je connais un tas de personnes en France qui ne peuvent pas en dire autant. Heureusement, je ne suis pas l’un d’entre eux.

Kongo est un combattant intelligent et critique, qui évalue ses adversaires et ses projets avec tout autant de précision. A 34 ans, Kongo est bien conscient que son heure viendra maintenant ou ne viendra pas.

Je ne veux pas vieillir et continuer à combattre, dit-il. Dès que j’aurai atteint mon but, je prendrai ma retraite. J’ai sacrifié beaucoup de choses pour arriver là où je suis maintenant et je ne veux pas tout gâcher en persévérant inutilement. C’est un sport dangereux et je pense que bien des combattants en font trop. Je combattrai jusqu’à ce que mon corps me demande d’arrêter. Si quelqu’un me botte vraiment le cul, je lui laisserai ma place. Mais ce n’est pas encore arrivé.

Cela n’a aucun intérêt d’être célèbre et connu à travers le monde si vous êtes cloués dans une chaise avec la tête en vrac. Je ne veux pas être un légume quand tout sera fini. Vous devez être respectueux de vous-même en tant que combattant et en tant qu’homme. Beaucoup de combattants qui se battent pour l’argent et la gloire ne savent pas quand s’arrêter.

Kongo sait quand s’arrêter. Il connaît les pièges du succès et la menace du déclin qui suit toute grande ascension. Bien qu’il soit aujourd’hui très populaire, le Français ne cherche en aucun cas à devenir une célébrité.

La gloire ne m’intéresse pas, admet le Parisien. Je veux connaître le succès en tant que combattant, mais cela m’importe peu d’être célèbre. Je n’ai jamais cherché à être le héros ou le modèle de qui que ce soit. Nous autres français avons une mentalité très différente de celle des américains. Nous ne cherchons pas à figurer dans des films, à faire une carrière à Hollywood. Nous sommes des gens humbles avec des rêves et des objectifs normaux.  

Je ne changerai jamais, peu importe mon succès à l’UFC. Je suis un type normal avec un certain talent. Tout le monde dans ce milieu à un talent – Je ne suis pas différent. Quand je rentre à la maison, je me chamaille avec mes amis comme je le faisais avant. Je suis toujours le même Cheick. Je n’ai pas changé.

Derrière ce "châssis" impressionnant de 100 et quelques kilos se cache un être sensible et bienveillant qui ne désire qu’atteindre ses objectifs. Mais on trouve également derrière cette inquiétante façade un homme apeuré… Oui, apeuré.

Beaucoup de combattants prétendent qu’ils n’ont pas peur avant un combat, mais je peux vous assurer que ce n’est pas vrai, révèle Kongo. Ils disent qu’ils n’ont pas peur mais à la dernière minute, ils sont frappés par l’effroi comme les autres. Tout le monde a peur avant un combat. Et ceux qui disent le contraire sont des menteurs. Les combattants n’aiment pas parler de ça, parce qu’ils veulent être perçus comme des braves. C’est n’importe quoi.

Kongo ne parle pas, ne s’habille pas et ne marche pas comme un combattant. C’est un homme classe et cultivé dont la vision et les idées vont bien au-delà de son goût pour le combat. On dirait presque qu’il ne pratique ce sport que par amusement tant ses activités extra MMA sont diversifiées. Mais dans un sport où chaque rencontre peut être la dernière, Kongo sait pertinemment que l’amusement n’a pas sa place.  

Ma principale motivation pour combattre est tout simplement mon désir d’atteindre mon objectif, dit-il. Je veux m’emparer du titre heavyweight de l’UFC. Même si je peux juste m’en approcher en sachant que j’ai fais de mon mieux, c’est assez bon pour moi. Je n’y peux rien si les mecs qui sont devant moi sont plus grands, plus forts, plus rapides et meilleurs. Je veux juste avoir le sentiment d’avoir donné le meilleur de moi-même. Je veux prouver à certaines personnes qu’ils avaient torts et montrer que je peux vraiment être l’un des meilleurs poids lourds au monde.

Je réalise également qu’on a pas besoin d’un titre pour être considéré comme un champion. Etre un champion, c’est une manière de se comporter. Quand vous gagnez un combat, vous êtes quelqu’un. Quand vous perdez, vous n’êtes personne. Je suis content de continuer sur cette voie et de voir où le destin me conduira.

Combattant, entrepreneur, designer, philosophe ou homme normal, Cheick Kongo ne sera intéressé en 2010 que par une qualification : "champion".